Même si Marcel la coquille avec des chaussures n’est pas le premier rodéo du héros éponyme, c’est assurément sa plus grande aventure à ce jour, avec une échelle narrative et une portée émotionnelle encore plus grandes qu’auparavant. Le coquillage grégaire, d’un pouce de haut, borgne, arborant une voix enfantine et de minuscules chaussures de tennis nous a été présenté pour la première fois par le biais de courts métrages YouTube relatant sa routine quotidienne et ses pensées spirituelles les plus intimes, chatouillant nos os amusants et réchauffant nos cœurs. Désormais co-créateur/réalisateur Dean Fleischer Camp et co-créateur/voix de Marcel Jenny Slate élargissent les origines et le monde du mollusque miniature dans un film hybride animé en live-action/stop-motion, nous offrant une vie affirmée, super charmante et voyage en douceur. C’est un baume apaisant qui ne ressemble à aucune autre caractéristique saine.
Marcel (exprimé par Slate) vit dans une maison de banlieue tranquille sans grande interférence humaine au-delà de l’apparition hebdomadaire d’une femme de ménage. Ses rencontres avec le monde en général sont accueillies avec un enthousiasme enfantin, une soif de connaissances et une imagination hors des sentiers battus. Ses journées sont passées à rebondir littéralement autour de la maison dans une balle de tennis utilisée pour traverser l’espace tentaculaire. Son lit est une tranche de pain et il a une boule de charpie pour animaux de compagnie nommée Alan. Il a également orchestré un réseau de cordes et de poulies pour atteindre les hauteurs, voir le monde extérieur et s’aventurer dans le jardin où travaille souvent sa grand-mère Connie (voix impeccable d’Isabella Rossellini). Il y avait d’autres personnes de son espèce qui résidaient dans cette humble demeure, jusqu’à ce qu’un mystérieux exode se produise, laissant Marcel et Connie bloqués et choqués.
Le monde de notre protagoniste plein d’entrain change une fois que le documentariste Dean (Fleischer-Camp) visite la maison après une rupture, dans l’espoir de se plonger dans son travail en capturant Marcel et sa grand-mère dans leur habitat merveilleux. Le cinéaste débutant est rarement vu et est surtout entendu quand lui et son sujet plaisantent de manière comique. Dean trouve un esprit entreprenant et idiot à mettre en valeur dans des courts métrages qu’il télécharge sur Internet, faisant de Marcel une célébrité involontaire. Les fouilles sournoises de Marcel dans la section des commentaires de ses vidéos valent à elles seules le prix d’entrée. De plus, Dean découvre les inquiétudes de Marcel concernant l’état fragile et oublieux de sa Nana, et son désir de sauver et de redécouvrir sa communauté avant qu’elle ne le laisse tout seul. Avec l’urgence d’alimenter leur quête, le couple s’est mis à la recherche de ce qui manquait : les amis, la famille et les sentiments laissés insatisfaits.
Le sentiment est une denrée précieuse pour une image comme celle-ci, où le rire et l’émotion se mêlent fréquemment. Fleischer-Camp, Slate et le co-scénariste Nick Paley (travaillant à partir d’une histoire de Fleischer-Camp, Slate, Paley et Elisabeth Holm) ajoutent de la tendresse à des scénarios et des dialogues très comiques sans aucun sentiment de désespoir, d’écœurant ou de twee- une véritable prouesse pour un film plein de douceur et de charme. Le bâillon de longue date impliquant Marcel côtelant le chien de Dean, qui aime empiéter sur le territoire de Marcel, est hilarant, tout comme bon nombre des folies qu’il rencontre à la maison et sur la route. Les hijinks d’un écureuil qui se déchaîne dans la maison offrent un aparté tonitruant. De plus, c’est incroyablement émouvant de voir sa ténacité, sa prise de risque et son courage. Les cinéastes véhiculent des tons à la fois tristes et heureux, faisant en sorte que le troisième acte se sente bien mérité sans devenir larmoyant.
À travers le prisme minuscule des tribulations de cette petite coquille et le documentariste capturant ces épreuves, les créateurs Fleisher-Camp et Slate s’ouvrent plutôt admirablement et vulnérablement à l’examen de leur propre fissure conjugale. Il est agréablement embrassé avec une honnêteté courageuse et brute. Ils enfilent l’aiguille de manière experte dans les discussions éclairées de Marcel et Dean sur la récente rupture amoureuse de Dean et sur la manière dont cela rejoint doucement et subtilement la quête de Marcel de ne pas craindre l’avenir. Payer une référence fictive accrue à la dissolution de leur mariage dans la vie réelle fonctionne à l’avantage du film, donnant à l’histoire déchirante du petit protagoniste une plus grande profondeur.
Outre sa narration bien pensée et bien rythmée, les aspects esthétiques, auditifs et animés donnent vie à cet univers. La cinématographie de la DP en direct Bianca Cline et de l’animation en stop-motion Eric Adkins est effusée et poétiquement évocatrice. Le format d’image Academy (1,33:1) et la photographie de style documentaire amplifient l’échange d’intimité et d’immédiateté entre le sujet et l’appareil photo. Les animateurs, s’inspirant des inflexions vocales parfaitement accordées de Slate et Rossellini, donnent à Marcel et Connie une merveilleuse expressivité, à la fois manifeste (comme quand ils pleurent ou clignent des yeux) et nuancée (à la fois dans leur physique et dans la façon dont leur bouche bouge). Les nuances délicates du compositeur Disasterpeace, ainsi que des sélections de bandes sonores soigneusement sélectionnées, complètent les flux et reflux narratifs.
En fin de compte, les créateurs intelligents de Marcel récompensent notre volonté de croire que lui et son monde sont réels, tout en offrant l’opportunité de regarder notre propre monde sous un angle différent. Il semble ironique qu’un coquillage minuscule qui patine sur des tables basses poussiéreuses adore la programmation cérébrale comme 60 minutes, et utilise du miel pour marcher sur les murs peut générer de telles quantités gargantuesques de pathos. Mais pour un personnage avec une si petite empreinte, ses chaussures laissent une impression remarquablement durable.
Jeanne est une journaliste de 27 ans qui se passionne pour le cinéma et la culture pop. Elle adore dévorer des séries Netflix et se tenir au courant des dernières news sur les célébrités du moment. Jeanne a toujours été intéressée par l’écriture, et elle aime travailler comme journaliste car cela lui permet de partager sa passion pour la narration avec les autres.