Une blessure à un

Une blessure à un
Capture d’écran: Icare Films / Youtube

Dans ses grandes lignes, le documentaire d’une heure de Travis Wilkerson Une blessure à un sons peu appétissants enrichis en vitamines : c’est un portrait de Butte, dans le Montana, une ville minière réduite à une vaste fosse de boues toxiques par un capitalisme rapace et incontrôlé. Mais alors que le film livre l’indignation gauchiste attendue, il le fait via des méthodes formelles qui sont étonnamment, et souvent passionnantes, non conventionnelles en créant un terrain d’entente désorientant entre l’agitprop et la poésie. Au lieu d’images d’archives ou de têtes parlantes, Wilkerson rassemble une collection d’images fixes, de cartes, de citations, de paroles de chansons folkloriques et d’autres éphémères, mettant beaucoup plus l’accent sur l’humeur que sur la présentation de faits ou la construction d’un argument ; souvent, il mettra des nombres apparemment aléatoires à l’écran, puis révélera progressivement leur signification. Imaginez le Flint, Michigan de Roger et moi, sauf a) bien, bien pire, et b) tel que présenté par un disciple lugubre et non harceleur de Jean-Luc Godard. Peu de films ont fait un tel plaidoyer simultané contre la spoliation cupide et pour la beauté du cinéma.